Skip to main content

Le 1er mai, le ministre de l’Éducation du Québec, Bernard Drainville, annonçait une nouvelle série de mesures qui entreront en vigueur dès la rentrée 2025 : interdiction complète des téléphones cellulaires sur les terrains scolaires et instauration obligatoire du vouvoiement dans les communications élèves-personnel scolaire.

Chez ESPACE Abitibi-Est, organisme engagé dans la prévention de la violence faite aux enfants, nous partageons le désir d’offrir aux jeunes un milieu scolaire sain, respectueux et propice à l’apprentissage. Toutefois, nous croyons que certaines mesures annoncées pourraient produire l’effet contraire à celui souhaité. Voici pourquoi.

Le respect ne se décrète pas : il se construit

L’une des mesures annoncées impose l’usage du vouvoiement et des titres comme « Monsieur » ou « Madame » dans les écoles du Québec. Cette directive, présentée comme un geste de respect, nous apparaît plutôt comme une normalisation rigide d’un rapport hiérarchique, qui ne tient pas compte des dynamiques relationnelles ni de la diversité des pratiques éducatives.

Chez ESPACE Abitibi-Est, nous croyons que le respect ne dépend pas de la distance instaurée entre un enfant et un adulte, mais bien de la qualité de la relation qui se tisse entre eux. Le respect se cultive dans l’écoute, la reconnaissance, la cohérence et la bienveillance.

Loin d’être contre le vouvoiement lorsqu’il est choisi ou qu’il reflète un contexte culturel spécifique, nous remettons plutôt en question l’idée d’en faire une obligation systématique. Cette approche :

  • risque de freiner la spontanéité et la confiance des enfants, particulièrement chez les plus jeunes;

  • n’est pas inclusive pour les personnes non binaires ou trans qui ne se reconnaissent pas dans les titres genrés comme « Monsieur » ou « Madame »;

  • peut entraver la relation de confiance, qui est pourtant au cœur de la prévention de la violence et de la capacité à se confier lorsqu’un enfant vit une situation difficile.

Miser uniquement sur des formules langagières normées ne garantit en rien le respect mutuel. Cela peut même avoir l’effet inverse en créant de la distance inutile.

Éduquer, pas interdire

L’interdiction totale du cellulaire sur l’ensemble du terrain scolaire, y compris pendant les dîners et les pauses, envoie le message que les jeunes ne sont pas capables de faire un usage sain de cet outil. Pourtant, les enfants et les adolescent·es grandissent dans un monde numérique, et elles et ils doivent apprendre à naviguer ces espaces avec jugement, autonomie et esprit critique.

Chez ESPACE, nous croyons en une prévention éducative et non punitive. Cela implique d’outiller les jeunes à reconnaître les risques liés aux écrans (cyberintimidation, surexposition, dépendance), tout en leur permettant de développer des compétences pour utiliser ces technologies de manière sécuritaire et responsable.

Et les droits des enfants?

Ces nouvelles directives sont présentées comme des règles pour « instaurer le respect », mais elles ont été élaborées sans consultation des enfants et des jeunes. Pourtant, la Convention relative aux droits de l’enfant affirme clairement que les jeunes ont le droit de participer aux décisions qui les concernent, et d’exprimer leur point de vue.

À ESPACE Abitibi-Est, nous croyons fermement que la participation est un levier essentiel de prévention de la violence. Écouter les enfants, c’est reconnaître qu’elles et ils sont capables de réflexion, de dialogue et de contribuer à un climat scolaire positif.

Une autre voie est possible

Nous reconnaissons l’intention derrière ces mesures : offrir un environnement scolaire sain et respectueux. Mais plutôt que de miser sur l’uniformité, l’interdiction et les rapports d’autorité, pourquoi ne pas investir dans des approches qui développent le pouvoir d’agir, l’empathie et les compétences relationnelles des jeunes?

Chez ESPACE Abitibi-Est, nous continuerons de promouvoir une éducation basée sur la bienveillance, la responsabilisation et le dialogue. Parce qu’un milieu réellement respectueux est un milieu où chaque jeune se sent écouté, valorisé… et libre de se confier.

gestionabitibiest

Auteur gestionabitibiest

Plus d'articles de gestionabitibiest

Laisser une réponse